
C'est le plan de la dernière chance avant des mesures "plus radicales" : François Bayrou a présenté son pacte de lutte contre les déserts médicaux ce 25 avril. Ce plan vise à éviter la mise en place de la coercition.
Présenté comme une ultime réponse aux besoins d'accès aux soins, ce pacte a été dévoilé dans ses grandes lignes lors du déplacement du Premier ministre dans le Cantal.
"L'idée est de ne pas privilégier les solutions de contrainte à l'installation", promet François Bayrou.
Ce plan s'articule concrètement autour de 4 axes : formation, principe de solidarité, mobilisation des compétences et travail avec les élus locaux.
Formation
Actuellement, 24 départements n'ont pas accès aux études de santé. La quatrième année d'internat de médecine générale sera mise en œuvre dès le 2 novembre 2026, avec une valorisation "très forte" pour la réalisation des stages en zones "sous-denses".
Ainsi, 37 000 jeunes médecins généralistes seront formés dans ces territoires. Les stages des internes et des docteurs juniors, en dehors des grandes villes et des CHU, deviendront obligatoires à la rentrée 2026. L'objectif est d'augmenter de 20 % le nombre de médecins formés dans un délai court.
La première année des études de santé évoluera également, pour devenir un modèle national d'accès unique. Le gouvernement souhaite aussi faciliter l'intégration des étudiants français diplômés en Europe et améliorer l'accueil des praticiens titulaires d'un diplôme hors Union Européenne.
Principe de solidarité
Ce deuxième axe repose sur la mise en place d'un principe de solidarité entre tous les médecins, dans les zones rouges identifiées par les ARS*.
Une mission de solidarité sera rendue obligatoire pour les médecins, sous la forme de consultations avancées, afin d'assurer une continuité de l'exercice en médecine de premier recours, avec des plannings définis à l'avance, sur le modèle de la permanence des soins.
Les médecins devront consacrer jusqu'à deux jours par mois dans ces zones prioritaires.
Par la suite, cette mission s'étendra à l'ensemble des zones "sous-denses", avec une généralisation de la permanence des soins en soirée, la nuit et le week-end.
Pour cela, un nouveau statut sera créé pour les jeunes praticiens : le praticien territorial ambulatoire.
Des consultations hors les murs de médecins spécialistes seront également mises en place, notamment au sein des Maisons de Santé Pluriprofessionnelles.
*Un délai d'un mois a été donné aux ARS pour identifier les "zones rouges" où devra être mise en place une permanence médicale "en absolue priorité".
Mobilisation des compétences
Le troisième axe vise à réduire "rapidement, concrètement et significativement" la demande de certificats médicaux inutiles.
Les leviers pour atteindre cet objectif sont :
- Le déploiement de 15 000 assistants médicaux d'ici 2028,
- Le renforcement des assistants dentaires,
- De nouvelles missions confiées aux pharmaciens d'officine,
- De nouvelles missions pour les pédicures-podologues,
- De nouvelles missions pour les masseurs-kinésithérapeutes,
- De nouvelles missions pour les ergothérapeutes,
- L'accès direct aux orthophonistes en exercice coordonné.
Concernant les IPA (Infirmiers en Pratique Avancée), le gouvernement annonce la publication imminente de l'arrêté permettant la réalisation de primo-prescriptions en structures d'exercice coordonné, telles que les Maisons de Santé Pluriprofessionnelles.
Les protocoles de coopération seront également simplifiés.
Un appel à projets sera lancé pour développer des solutions numériques permettant de libérer du temps médical.
Travail avec les élus locaux
Le dernier axe repose sur la création, avec les élus locaux, de conditions d'accueil attractives pour les étudiants et professionnels de santé sur l'ensemble du territoire.
Cela passe notamment par le développement de pratiques comme le télétravail pour sécuriser l'exercice médical, et par la lutte contre toute forme de violence.
Un dispositif de visioplainte sera également déployé dans le secteur de la santé, afin de simplifier les démarches de dépôt de plainte.
Source : Hospimedia