La direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (DREES) a publié le 9 décembre dernier un dossier intitulé "Remédier aux pénuries de médecins dans certaines zones géographiques".
En France, de plus en plus de territoires connaissent des pénuries de soignants, notamment les zones rurales (éloignées/isolées) et les zones urbaines défavorisées. De plus, des estimations président une diminution de l’offre médicale en médecine de ville et particulièrement en soins primaires dans les années à venir.
Quelles sont les politiques à mener pour faire face à cette pénurie ?
Ce dossier s'appuie sur une analyse de littérature internationale (principalement Etats-Unis, Canada et Australie) des stratégies et politiques déployées ces dernières années pour faire face aux déserts médicaux dans le but d'y trouver des enseignements bénéfiques à la situation française. Il y recense également " un état des lieux des préférences des médecins dans leur choix d’installation et des principaux déterminants de leur installation et de leur maintien sur leur lieu d’exercice, autant de leviers potentiels pour l’action publique."
Les facteurs d'installation d'un médecin
- les facteurs personnels : lien avec le territoire, famille/amis;
- la formation (stage, etc.) ;
- les conditions d'exercice (charge de travail, isolement professionnel) ont un impact important ;
- l' aspect financier apparait comme " secondaire par rapport aux autres conditions de l’épanouissement professionnel".
- le contexte du territoire (commodités et gammes de services) paraissent important dans leur décision d'installation.
"augmenter l’offre de soins et améliorer sa répartition territoriale passe à la fois par des politiques d’incitation à l’installation et par des politiques de soutien aux professionnels exerçant dans des zones défavorisées"
Les différentes stratégies
Des résultats décevant pour les incitations financières
Ainsi, de nombreux facteurs jouent dans la décision d'installation d'un médecin et l'aspect financier n'est pas celui qui prédomine. Il y est mentionné que les "incitations financières, largement mises en œuvre, ont plutôt des résultats décevants", notamment sur le long terme.
"Les politiques visant l’amélioration de la répartition territoriale ne peuvent donc pas se fonder sur le seul levier des incitations financières mais doivent agir sur l’ensemble des conditions d’exercice des médecins."
Adapter la formation
Sélectionner les étudiants en y incluant davantage de personnes des quartiers défavorisés pourrait permettre d'accroître le nombre de médecins dans ces quartiers. En effet, les études menées dans d'autres pays montrent l'influence de l’origine des médecins sur leurs choix d’installation. En parallèle de cette stratégie, ces pays ont délocalisé les lieux de formation et inclus dans leur programme la santé rurale pour permettre aux futurs médecins d'être préparés pour ces conditions d'exercice.
Une politique de régularisation
D'autres pays ont opté pour une régularisation, stratégie dans laquelle les médecins sont soumis à une restriction géographique. Pour le moment, les résultats ne sont pas assez nombreux pour en tirer des conclusions.
L'importance des structures d'exercice collectif
"La politique de promotion des structures d’exercice collectif mise en place en France depuis une dizaine d’années est un pilier majeur de la stratégie d’attractivité des territoires."