Et si on abordait les problèmes d’addiction au plus près des patients concernés ? Pourquoi pas au sein de leur maison de santé plutôt que dans un centre dédié jugé trop stigmatisant. C’est le présupposé de départ des microstructures addictions. Objectif : améliorer l’accès à des soins de proximité pour des patients ayant une ou ou plusieurs conduites addictives.
Zoom sur deux expérimentations menées depuis 2019 à Nailloux (31) et Saint-Jean-du-Gard (30) par des équipes pluriprofessionnelles réunissant médecin généraliste, psychologue, éducateur spécialisé et assistant social.
Bénéfices pour les patients
Délégation des CSAPA, les microstructures addiction fonctionnent sous forme de collaboration pluridisciplinaire. Le médecin généraliste propose aux patients concernés un suivi individuel par des spécialistes de l’addictologie, psychologue, éducateur spécialisé ou assistant social. Des créneaux et un bureau leur sont réservés au sein même de la maison de santé. Tous les profils de patients sont accueillis en microstructures. « La porte reste toujours ouverte » rappellent Marie Deshons, médecin généraliste à la MSP de Saint-Jean-du-Gard, et Hervé Laffont, éducateur spécialisé à la MSP de Nailloux. L’accompagnement en microstructure, pris en charge par l’ARS, facilite l’accompagnement des patients, qui peuvent parfois être en situation de précarité, d’isolement ou craindre d’être stigmatisés. Pour Michel Dutech, médecin généraliste à la MSP de Nailloux « en tant que médecin traitant, je peux engager le dialogue sur un sujet tabou, en toute confidentialité et sans jugement. C’est ce qui explique, je pense, une file active de femmes plus importante en microstructure qu’en CPASA. Permettre à ces femmes un accès direct à des soins spécialisés, c’est une véritable action de démocratie sanitaire. »
Atouts pour les professionnels de santé
La collaboration pluridisciplinaire apporte des regards croisés autour d’un objectif commun : l’accompagnement du patient. « En échangeant avec les spécialistes en addictologie lors des réunions de coordination, chacun monte en compétences. Les médecins sont alors plus à même de détecter et prendre en charge les patients » précise Sandra Coste, médecin généraliste à la MSP de Nailloux.
Une collaboration vertueuse que confirme Sophie Joïade, psychologue à la MSP de Saint-Jean-du-Gard : « On a la chance d’avoir des médecins super engagés et mobilisés, ce qui est très motivant parce qu’ils sont à l’écoute donc accessibles ».
Continuer sur cette lancée
A Nailloux comme à Saint-Jean-du-Gard, les équipes souhaitent voir le projet devenir pérenne et à termes, pouvoir proposer davantage de créneaux, plus de rendez-vous et de suivi pour les patients actuellement suivis et ceux à venir car « il faut du temps pour travailler en addictologie », souligne Sophie Joïade.
En savoir plus
Les CSAPA (Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) : structures pluridisciplinaires qui ont pour mission d’assurer l’accueil, l’information, l’évaluation et la prise en charge des personnes ayant une consommation à risque, un usage nocif ou présentant une dépendance aux substances psychoactives ainsi que leur entourage.
La MSP de Nailloux : active depuis 2013, 28 professionnels de santé collaborent aujourd’hui dans l’objectif d’améliorer l’accès aux soins et à la santé pour les patients ainsi qu’améliorer et sécuriser l’accompagnement et la prise en charge de ces derniers.
https://www.mspnaillouxsaintleon.fr
La MSP de Saint-Jean-du-Gard : 31 professionnels (23 au sein des locaux et 8 sur d’autres sites) se sont regroupés autour d’un projet de santé commun : maintenir des services de santé de proximité et offrir une qualité de prise en charge et d’accompagnement des patients.
https://msp.stjean.docvitae.fr